le 30 mars 2023 7 minutes

À quoi carbure le moteur de Guerlain Chicherit ?

 

Il faut risquer sa vie tous les 6 mois pour rester en vie, disait le réalisateur américain Elia Kazan. Guerlain Chicherit semble avoir pris cette réflexion au pied de la lettre.

Lorsqu’il a 15 ans, il a l’idée de sauter du huitième étage d’un immeuble pour atterrir dans la poudreuse, établissant ainsi son premier record (23 mètres). Cette même année, il est sacré champion de France de judo. Cinq ans plus tard, en 1999, le voilà champion du monde de ski freeride. Il a 20 ans, un boulevard de neige et d’avenir devant lui, et déjà le bagout de l’entrepreneur, lui qui aux tout débuts d’internet flanque sa veste de ski d’un www.guerlainchicherit.com.

Trois autres titres de champion du monde plus tard, Guerlain ne donne pas signe de vouloir se calmer : il consacre désormais de plus en plus de son énergie à une autre passion : le rallye. En 2005 il termine à la 49ème place de son premier Dakar, à la 9ème l’année suivante, puis à la 5ème quatre ans plus tard. En 2009, il est champion du monde des rallyes tout terrain. Evidemment.

Comme s’il fallait désormais trouver autre chose, Guerlain décide d’être le premier à faire des backflips en voiture -ce qu’il réussit, puis à tenter de battre le record du saut le plus long en voiture -ce qu’il rate, la tentative se terminant par un gros crash. Pas de quoi l’arrêter pour autant. Tout en poursuivant le rallye, Guerlain monte des boîtes. Plein de boîtes. Dans l’immobilier – ses différentes sociétés opèrent des chalets, hôtels et résidences en haute montagne- et dans l’énergie propre. Avec un prochain objectif en tête : devenir le premier vainqueur du Dakar à rouler à l’hydrogène.

D’accord, nous direz-vous… mais à quoi carbure donc son moteur à lui ?
Rdv aux Sommets pour tenter d’en savoir plus…

 

 

Ton palmarès sportif est impressionnant, mais tu impressionnes tout autant en étant à la tête de plusieurs dizaines d’entreprises dans des secteurs tous différents : quel est ton secret pour être partout ?

En fait, c’est maintenant plus de 200 sociétés… lol !
Je ne sais pas s’il y a un secret, mais ce qui est certain, c’est que pendant toute ma carrière de sportif, j’ai travaillé très dur pour devenir le meilleur et le rester tout le temps où j’étais en activité.
Ce que j’aime faire, c’est créer, là où je pense avoir une valeur ajoutée c’est la vision et l’anticipation. Maintenant je ne suis pas quelqu’un de très opérationnel, ce n’est pas la partie qui m’intéresse le plus dans les projets, bien que malgré tout ce soit l’une des parties les plus importantes d’une entreprise. C’est pour cela qu’à chaque nouveau projet ou nouvelle entreprise, ma priorité est de rassembler les bonnes compétences, trouver les bonnes personnes et surtout leur faire confiance, en les responsabilisant et en acceptant de déléguer. Voire à terme de les associer. Tout en gardant le suivi nécessaire afin de s’assurer que les résultats et les objectifs attendus sont bien atteints. Evidemment, il faut beaucoup de passion, de détermination et de résilience pour mener un projet d’entreprise.

 

“Ma volonté de faire du sport auto avec une approche verte n’a évidemment pas plu à tout le monde”

 

Tu voues une passion au rallye, qui semble bien te le rendre puisque tu as récemment gagné le Rallye du Maroc et plusieurs étapes au Dakar. Tes investissements dans l’énergie propre, notamment l’hydrogène, sont-ils une manière de compenser ces sports, de plus en plus critiqués pour leur impact environnemental ?

Merci de poser cette question, car c’est évidemment un sujet qui me préoccupe.
J’ai fait du ski toute ma vie, mais j’ai toujours eu la passion de l’automobile et plus précisément du sport auto. Et c’est bien pour cela que j’ai créé ma team de sport auto en 2017, avec l’ambition d’en changer la vision en proposant une approche propre et durable. C’est aussi pour cela que j’ai créé GCK, afin de développer toutes les nouvelles technologies de demain, comme des moteurs électriques performants, des piles à combustible hydrogène, des batteries innovantes, ainsi que tout l’écosystème d’intégration qui va avec et permettra de rendre le sport auto vert et exemplaire.

Cela n’a pas été un long fleuve tranquille : quand j’ai annoncé ma volonté de faire du sport auto avec une approche verte, ça n’a évidemment pas plu à tout le monde… Le chemin a été semé d’embûches. Mais quelques années plus tard, nous avons réussi quelque chose d’extraordinaire je pense, puisque GCK a utilisé la technologie que nous avons développée pour le sport auto, notamment pour ma voiture hydrogène du Dakar (qui sera présentée très bientôt). Cette même technologie, développée pour les voitures de course, s’applique aussi pour la conversion à l’hydrogène des bus, des autocars, des camions et des dameuses pour les pistes de ski.

C’est ça être engagé dans la transformation énergétique !

 

 

Quelle est ta vision de l’entreprise de demain et des transformations qu’elles vont devoir opérer ?

Ça, ce n’est pas une question facile… Chaque activité, chaque entreprise a des besoins, des problématiques différentes. Mais globalement je pense que ce qui est important pour une entreprise, quelle que soit sa taille, est de pouvoir rester réactive, à l’écoute de l’évolution du marché, se montrer capable de voir loin et d’anticiper les changements structurels qui éventuellement pourraient mettre l’entreprise en danger ou la soumettre à une forte concurrence qui n’aurait pas été anticipée.
Toutes mes entreprises sont en France, j’en suis très fier car je crois beaucoup à la ré-industrialisation de la France, processus dans lequel je me suis pleinement inscrit il y a maintenant plus de 10 ans, car je pense qu’en France nous avons beaucoup de compétences, de potentiel et d’ambitions qu’il faut exploiter.

Quels sont tes prochains défis et quels conseils donnerais-tu au dirigeant de demain ?

C’est là encore une question trop complexe pour pouvoir fournir une réponse succincte ! L’une de mes grandes ambitions est de continuer à développer mon groupe hôtelier à l’international et de devenir une référence mondiale dans ce secteur. J’ai beaucoup d’ambition avec GCK également, car nous allons annoncer beaucoup de nouveaux lancements de produits très innovants dans les prochaines semaines et mois, à l’échelle européenne, car cela fait partie de notre vision. Depuis plus d’un an, nous travaillons également sur la création d’un nouveau projet dans la transition écologique et le développement durable, avec une technologie ayant le potentiel de devenir un vrai game changer. Elle sera lancée dans l’année, mais à ce stade je n’en dirai pas plus, même pas sous la torture :)))

 

“C’est dans ces moments là que de belles rencontres peuvent se faire”

 

Pourquoi venir aux Sommets ?

Parce qu’il est toujours très important d’échanger, de partager et d’écouter. C’est dans ces moments-là que de belles rencontres peuvent se faire, des synergies ou des idées peuvent émerger. Et si, en toute modestie, je peux contribuer à aider et motiver de futurs entrepreneurs, c’est évidemment très enthousiasmant pour moi.

Propos recueillis par Xavier Wargnier

 

 

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