le 23 février 2024 8 minutes

Coline Vuillermet – Révolutionner la résolution de conflits avec une start-up qui cartonne

Un verdict retardé est un verdict refusé, disait Luther King (“Justice delayed is justice denied” -puisqu’évidemment, en anglais ça rend mieux). Ça pose les bases du constat. Et ça a posé les bases de Néo-Justice, qui ambitionne de révolutionner la résolution de conflits grâce à Néo-Justice, une plateforme en ligne permettant de résoudre des litiges en quelques semaines seulement. Tout comme la justice elle-même, l’idée parait aussi simple que complexe. Et si le besoin est évident, le défi est de taille. Mais pas de quoi impressionner Coline, qui après avoir fait ses classes chez UniCredit, dont elle a été COO et directrice juridique, s’est lancée dans l’entrepreneuriat. Et tandis que la majorité des entrepreneurs et would-be start-upeurs galèrent allègrement à se développer, Coline, elle, pourrait presque vouloir freiner le mouvement, tant la promesse est belle… et surtout utile.
Coline nous fait l’honneur d’être des nôtres aux Sommets cette année; cela méritait bien un petit coup de projecteur.

Qu’est ce que Néo-Justice ?
L’ADN de Néo-Justice est de proposer une alternative de qualité à la Justice traditionnelle souvent jugée trop lente, complexe et coûteuse par les entreprises, comme par les particuliers. Notre offre inédite et révolutionnaire en France permet de simplifier et d’optimiser la gestion des litiges, en permettant une résolution 100% en ligne, en quelques jours et en 2 mois maximum et ce, à moindre coût.

L’idée paraît limpide… en quoi est-ce donc révolutionnaire ?
Notre offre est révolutionnaire car elle propose une solution extra-judiciaire holistique, très rapide et peu onéreuse. Néo-Justice permet en effet non seulement 1) de résoudre ses litiges, 2) d’être accompagné par un avocat, 3) d’obtenir un document juridique contraignant la partie défaillante mais aussi 4) de se prémunir gratuitement contre le risque de litiges longs et coûteux.

J’ai vu trop de personnes ou d’entreprises se retrouver dans des situations désastreuses en raison d’une Justice rendue trop tard.

N’est-ce pas l’objectif de la médiation ? En quoi Néo-Justice va plus loin dans la résolution des conflits ?
Le constat d’une Justice insatisfaisante parce que beaucoup trop lente est établi de longue date. Depuis une vingtaine d’années, la solution qui a été développée face à ce problème a été la médiation, dont je suis convaincue de l’utilité (je suis moi-même formée à la médiation). Néanmoins cette technique n’est pas adaptée à tous les litiges, elle suppose en effet du temps, de faire physiquement face à la partie adverse, elle a un coût non négligeable et surtout, lorsque vous avez trouvé un terrain d’entente avec l’autre partie, il faut négocier la traduction juridique de cet accord.
J’ai donc réfléchi à une solution qui permettrait de dépasser ces difficultés et qui créerait de la prévisibilité en cas de survenance d’un litige pour les entreprises comme pour les particuliers, grâce à un volet de prévention.
Mon idée première était de créer un tribunal arbitral en ligne permettant d’obtenir une décision ayant la même autorité que celle rendue par un juge mais en 2 mois, là où la Justice traditionnelle met parfois jusqu’à 10 fois plus de temps.
Il m’a paru nécessaire de compléter cette offre par un volet amiable. La négociation étant le premier pas vers la résolution des litiges, j’ai réfléchi aux freins à la négociation – que sont principalement l’égo et la crainte de dévoiler sa meilleure offre à l’autre partie – et aux moyens de l’optimiser. J’ai fait développer un module de négociation optimisée en ligne qui permet aux parties de conduire une négociation classique, en se faisant des offres et des contre-offres mais également de confronter leurs concessions maximales, sans qu’elles ne soient dévoilées à l’autre partie.
La négociation optimisée en ligne proposée par Néo-Justice permet ainsi aux parties
1) de négocier de manière rapide et efficace sans que les parties ne se retrouvent face à face,
2) de maximiser leurs chances de succès et
3) d’optimiser le montant négocié.

Comment expliquer que personne n’ait proposé une solution similaire avant ?
Je pense qu’il y a avant tout une question de momentum. Il y a eu une longue réticence des Français à s’en remettre à des outils 100% digitaux, dans des domaines où la confiance est primordiale. On peut notamment citer l’exemple de la télémédecine ; avant la crise sanitaire, les patients étaient réticents à consulter leur médecin à distance, aujourd’hui, les téléconsultations médicales se sont banalisées. Ce phénomène s’observe également pour la Justice, le mouvement vers le digital a été long et l’expérience de Néo-Justice montre que les justiciables sont à présent convaincus des avantages et de la fiabilité des solutions en ligne.

Quelle est ton ambition personnelle avec Néo-Justice ?
La cause que je défends et qui figure dans la raison d’être de Néo-Justice est celle d’une Justice simple, compréhensible, peu coûteuse et qui est rendue sans délai car, comme Martin Luther King Jr., je pense que “Justice delayed is justice denied“.
En tant qu’avocat, que Directrice Juridique et en tant que particulier, j’ai vu trop de personnes ou d’entreprises se retrouver dans des situations désastreuses en raison d’une Justice rendue trop tard. Quand vous êtes une petite entreprise, si vous devez attendre 637 jours en moyenne pour obtenir une décision de justice et espérer vous faire payer le travail que vous avez réalisé, il est possible que cela vous conduise à la faillite. Cette situation est intolérable et j’aimerais contribuer à offrir une certaine sérénité juridique aux entreprises comme aux particuliers.

A 45 ans, je me suis dit que c’était maintenant ou jamais que je devais réaliser mon rêve entrepreneurial.

Tu as longtemps été COO d’un grande banque internationale. Qu’est ce qui t’a fait basculer dans l’entrepreneuriat ? 
J’ai toujours rêvé d’être entrepreneur. Bien avant que la France ne se passionne pour les startups et ne se rêve en « startup nation », j’ai eu des milliers d’idées de création de startups. Depuis mon adolescence, face à un problème je me demande comment une entreprise pourrait y répondre. Néanmoins, le passage du rêve à une réalité professionnelle suscite des craintes multiples d’autant plus quand vous avez un job intéressant et un parcours de carrière tracé, une famille, etc…
Dans le courant de la quarantaine, on prend conscience de la finitude du temps, ce qui peut nous donner un élan pour décider de donner un nouvel essor à son existence, comme l’a très justement écrit le philosophe François Jullien dans « Une seconde vie ».  A 45 ans, je me suis dit que c’était maintenant ou jamais que je devais réaliser mon rêve entrepreneurial. La bascule n’a pas été difficile car je suis intimement convaincue de l’utilité, de l’efficacité et de la mission de Néo-Justice.

Quelles sont les principales difficultés que tu rencontres à ce stade de l’aventure ?
Néo-Justice se développe beaucoup plus vite que je ne l’avais anticipé, mes journées sont très remplies et je jongle en permanence avec de multiples sujets que je suis pour l’heure la seule à pouvoir traiter même si j’ai une équipe solide autour de moi et un Comité Scientifique & Ethique impliqué. Par ailleurs, la vente n’est pas dans mes gènes, je dois donc me faire violence pour démarcher les prospects !

Tu passes le 28 février devant le jury de Qui veut être mon associé ?  – Peux-tu nous en dire plus (ou pas) ? 
Je ne peux malheureusement pas vous dire grand-chose si ce n’est que je n’ai toujours pas réalisé ce qui m’est arrivé. Moi qui ai regardé quasiment tous les épisodes de « Qui Veut Être mon Associé ? » depuis la 1ère saison et qui regarde avec avidité son équivalent (« Shark Tank ») chaque fois que je vais aux Etats-Unis, je n’aurais jamais imaginé qu’un jour je pitcherais devant Marc Simoncini, Jean-Pierre Nadir, Eric Larchevêque, Anthony Bourbon et Stéphanie Delestre. Ça a été un moment d’échanges très plaisant
Cette chance qui m’a été offerte me paraît encore totalement irréelle !

 

 

 


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