Sébastien Liebus (le Gorafi) – Il fonde un média satirique pour être invité aux “Sommets”
Sébastien Liébus, fondateur et CEO, Le Gorafi
C’est l’histoire d’un mec…. qui se décrit comme un auteur et comédien. Certainement pas comme un journaliste. Pourtant, comment ne pas retrouver l’esprit d’Albert Londres derrière les titres du Gorafi ? « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie », expliquait l’intéressé.
Soit, Sébastien Liébus est un humble artiste. Mais artiste avec du fond, et une envie furieuse de mettre le doigt sur les absurdités, incohérences et dérives de notre pays.
En février 2012, il créé le Gorafi sur les réseaux sociaux, initiant l’aventure en parodiant le titre d’un article du Figaro sur Sarkozy pendant la campagne présidentielle. C’est parti, façon bricolage dans la garage, mais c’est parti quand même, car Sébastien comprend que ce qu’il vient de faire n’a rien d’anecdotique : l’air de rien, son premier post est l’aboutissement de dix ans de réflexion et de travail d’écriture dans son coin. Dix ans à jouer avec les codes de la presse, qu’il se plait à détourner. Quelques mois plus tard, c’est un : « Trop souriant dans le métro, il finit en garde-à-vue » qui fait mouche et basculer le destin de sa petite entreprise. Pendant ce temps, un CV arrive sur son bureau. Un certain Pablo Mira, qui se reconnait dans l’esprit du média, et veut rejoindre l’aventure. Quelques mois plus tard, ils sont approchés une première fois par la télé, pendant que leur popularité s’envole. Ils se font une place au Grand Journal de Canal, avant de se faire mettre dehors par Bolloré. L’occasion de revenir à la colonne vertébrale du Gorafi : les écrits publiés sur leur site.
Douze ans plus tard, le Gorafi est suivi par 1,4 millions de personnes sur X et près de 600 millions sur Instagram (ils sont également sur tous les autres réseaux sociaux). La petite équipe de quinze personnes publie deux contenus par jour, un livre annuel – « idéal pour les toilettes » selon son créateur. Mais surtout, le Gorafi est devenu un acteur essentiel du paysage culturel français, défendant bec et ongle sa mission : celle de défendre la démocratie et le progrès à grands coups de satire, quitte à porter la plume dans la plaie.
Sébastien, comment décris-tu ton travail ?
C’est un travail d’écriture, de mots, avant tout, visant à s’attaquer à ceux qui ont le pouvoir, quels qu’ils soient, en faisant rire les gens. Nous voulons mettre les pieds dans le plat. L’idée est par ailleurs de s’attaquer aux problèmes de société et à l’actualité politique en la traitant du point de vue des citoyens, en allant de bas en haut : des citoyens aux puissants, plutôt que l’inverse. C’est ce que font les sites satiriques du monde entier comme The Onion, aux Etats-Unis (fondé en 1988 dans une université américaine). Selon moi, la satire n’a aucun intérêt à cibler les faibles.
La satire c’est drôle parce que c’est vrai, et c’est triste parce que c’est vrai. »
Vous ne reculez devant rien ni personne : vous sentez ou revendiquez-vous d’un bord politique ?
Nous sommes du côté du progrès. Nous voulons nous engager pour les droits humains, et aller dans le sens de l’Histoire. La satire est, par essence, politique. Pas dans le sens partisan, mais dans le sens engagé. Et libre, aussi. Lorsqu’on voit ce qui est en train de se passer dans le monde, notamment aux Etats-Unis, il est d’autant plus urgent de s’engager. Trump est en train de gagner la bataille contre les droits humains, et nous, nous sommes en train de perdre la bataille culturelle. Dans ce contexte, il est essentiel que des médias ou individus continuent de s’exprimer et défendre leur vision.
Que penses-tu de ces nouveaux médias incarnés par des personnalités issues d’internet, et totalement indépendant des grands médias mainstream ?
Je trouve ça génial que des influenceurs comme Hugo Décrypte, Inoxtag ou Hugo Clément deviennent des voix importantes des médias. Ils ont des messages à passer.
Quel est le profil de vos lecteurs ?
Nos lecteurs sont en majorité citadins, nous avons beaucoup de succès auprès des 25-35 ans. Mais le Gorafi a une audience très large, qui va chercher dans tous les âges, genres, classes et bords politiques. Ceci étant dit, notre défi après 12 ans d’existence est de ne pas vieillir avec nos lecteurs. Nous devons rester attentifs à nos références et les actualiser en permanence. Aujourd’hui nous devons être capables d’évoquer des références comme Taylor Swift, ou Sarah Carpenter.
Il y a un vrai savoir-faire dans la formulation des titres que vous publiez… peux-tu nous en expliquer les ressorts ?
Il ne s’agit pas de produire de la fake news, mais de tourner les mots d’une manière ironique et intéressante, tout en utilisant la musicalité du titre de presse. Par exemple nous n’allons pas écrire « Breaking news : Emmanuel Macron est un extra-terreste, mais « Les extra-terrestre démentent qu’Emmanuel Macron est l’un des leurs ».
Le but est également de trouver les phrases qui vont décrire, en quelques mots, une réalité complexe. Au lendemain de l’élection de Trump, The Onion a par exemple publié le titre suivant « America defeats America ». C’est tout à fait ça.
Tu seras parmi nous à la prochaine édition des Sommets, à Méribel. Qu’as tu prévu de nous raconter ?
Ce n’est pas encore défini… mais ce sera probablement une leçon de management…
Les Sommets, qu’est-ce-que c’est ?
Les Sommets, ce sont 2 jours pour respirer, s’inspirer et penser les grands enjeux de l’entreprise de demain.
Au programme, des masterclass en présence d’experts de haut-vol, des interviews de CEOs, des ateliers, des “walking-conf”, des cafés, des tisanes, des fondues, et des soirées dont les Sommets ont le secret pour créer des connexions humaines et neuronales stimulantes.
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