le 05 avril 2024 8 minutes

Quentin Lesaffre – Apprendre à communiquer sous stress avec la Process Comedy

Nous sommes à Lille, il y a une vingtaine d’année. Quentin est en classe de première et assiste à une conférence d’un certain monsieur Christian Lemoine, expert en psychologie comportementale et management motivationnel, qui explique à des élèves plus ou moins attentifs que savoir bien communiquer, c’est la clé du succès – à la ville comme dans les affaires
Quentin est fasciné. Quelques années plus tard, après des études de psychologie et de management, il décide de toquer à sa porte pour un stage, avant d’être embauché et de faire ses classes sur le terrain, en France et à l’étranger. Quelques autres années plus tard, il a l’idée de populariser une de ses méthodes à travers un spectacle à la fois drôle et instructif, le Process Comedy, qui depuis plus de 10 ans tourne régulièrement dans toute la France et s’invite en entreprise, théâtre par excellence des incompréhensions, maladresses et écueils de la communication inter-personnelle.

Quentin, qu’est-ce que le management motivationnel ?

J’ai découvert ce terme avec Christian Lemoine, qui dès les années 70 était un coach d’athlètes et dirigeants, et qui a importé le concept des US à cette même période. Le fondement du management motivationnel, c’est la motivation par la relation, la communication et le management : on part de la conviction que la qualité de la relation (avec un parent, un manager, un mentor, un entraineur etc) est l’élément clé de la performance d’une personne.
Aujourd’hui cela peut paraitre assez banal comme approche, mais à l’époque, Lemoine était perçu comme un vrai gourou, car l’idée était très nouvelle.

La Process Com découle de cette idée : en quoi consiste-t-elle plus précisément ?

Cela consiste à apprendre à bien détecter les personnalités des gens dans le but de mieux communiquer avec elles.Tout part des fondements de l’analyse transactionnelle, théorisée par Eric Berne, mais dans une version vulgarisée : avec la Process Com, ou Process Communication Model, tous les comportements et abus de langage deviennent factuels et observables, venant décrire une personnalité. Par exemple, si dans une phrase quelqu’un utilise beaucoup de mots parasites comme « petit », ou utilise un ton de voix plutôt bas, il va plutot être assimilé à une personne de type « Empathique ». Si une personne, pour ancrer un message, emploie beaucoup d’adverbes, cela va plutôt décrire une personnalité de type « Persévérant ».
Dans une situation normale, ce sont des signaux -ou drivers- très légers. Mais dans des situations de stress, ces drivers deviennent très importants et finissent toujours par se manifester, laissant paraitre le côté obscure de la personnalité en question.

Dissimuler sa vraie personnalité lorsque l’on est sous stress est très difficile

Peux-tu nous parler de ces « drivers » ?

Dans l’analyse transactionnelle, c’est les « fait plaisir », « soit parfait », « fait des efforts »… Qui sont ensuite traduits en abus et tics de langage verbaux ou non verbaux.
Ces drivers observables nous donnent les premiers indices d’une personnalité en dévoilant les premiers signaux de stress d’une personne.
Quand la personne entre dans un stress plus important, on voit apparaître de nouveaux comportements appelés « de 2eme niveau ». Cela va par exemple faire ressortir le besoin de sur-controle chez les plus « Analyseur » d’entre nous, ou le besoin de partir en croisade pour imposer ses convictions chez les plus « Persévérant » d’entre nous.
Le modèle Process Com livre des clés pour permettre à chacun d’aider un interlocuteur à sortir de son stress lorsqu’il se présente.

Peut-on vraiment détecter la personnalité de quelqu’un en l’observant parler ?

En théorie, oui. Bien sûr, certaines personnes apprennent à contrôler leur communication, verbale et non verbale, comme les politiciens, ou grands dirigeants. Mais encore une fois, lorsqu’ils sont sous stress cela devient très difficile à faire. La vraie personnalité refait surface. C’est, typiquement, le « casse-toi pauv’ con » de Sarkozy.

Que vient donc faire la Process Com là-dedans ?

Pour la petite histoire, celui qui a crée le modèle, Taibi Kahler,  a terminé son travail avec la Nasa : l’idée était de comprendre comment gérer les conflits entre les astronautes dans une capsule, notamment sous stress.
La Process Com permet deux choses : la première, c’est de prendre conscience de sa propre personnalité, et notamment des sources de sa motivation, de ses moteurs personnels. La seconde chose qu’elle permet est d’être plus impactant dans sa communication, que cela soit en face à face ou en collectif.
Par exemple: on fait une épreuve sportive en équipe, et je cherche à motiver un co-équipier : je peux soit lui dire « Vas-y t’es le meilleur, donne tout, à fond, à fond, allez, allez  etc», ou je peux le provoquer, titiller son égo.
La première méthode, qui consiste à le sur-valoriser, fonctionne mieux avec les personnalités de type « Promoteur », qui aiment les challenges, le défi et ont besoin de ce genre de message. A l’inverse, les personnalités de type « Energizeur » réagissent davantage lorsqu’on vient bousculer leur égo. Ce qui pour un « Promoteur » va agir comme un démotivateur… Autrement dit, un même message, selon la personnalité à laquelle il s’adresse, peut donner des résultats complètement opposés.

Vous tournez beaucoup en entreprises : Quels sont les écueils et problèmes de communication les plus fréquents en entreprises ? 

La plupart du temps, on découvre des services qui campent sur leur position, ont du mal à communiquer et à reconnaître les forces des autres services. Dans ces cas-là, les collaborateurs concoivent leurs différences davantage comme des problèmes que comme des complémentarités.
De fait, il est normal et même pertinent qu’un service production mette en place des process digne des plus « Analyseurs» pour mener à bien sa mission, ou qu’un service commercial fasse preuve d’une force de persuasion digne des plus « Promoteurs » …  Pourtant ce que l’on remarque souvent, c’est le fossé qui se crée entre ces deux univers, avec par exemple des « commerciaux” qui vendent sans chercher à savoir si l’entreprise a la capacité de produire et/ou sans faire de prévisions… .En conséquence, le service production s’arrache les cheveux, et va critiquer les vendeurs…

Un même message, selon la personnalité à laquelle il s’adresse, peut donner des résultats complètement opposés.

En quoi votre intervention arrive t-elle à débloquer certaines situations ? 

La première étape consiste déjà à faire prendre conscience aux collaborateurs que nous sommes tous différents, avec nos forces et nos travers : prétendre qu’une personnalité est mieux ou moins bien qu’une autre revient à formuler un jugement de valeur dont il faut être conscient pour devenir plus tolérants avec d’autres types de personnalité. La deuxième étape consiste à leur donner un maximum d’indices susceptibles de les aider à détecter les traits de personnalité de chacun, aussi bien à travers les mots que les gestes, la posture, le ton de voix et les expressions du visage.
La troisième étape consiste à les former aux techniques de communication permettant de “dé-stresser” tel ou tel type de personnalité. Ce qui va leur donner des outils pour motiver efficacement leurs collaborateurs, plutôt que les braquer. Imaginons que vous avez trente minutes par semaine à consacrer à chaque collaborateur de votre équipe : certains préfèreront débuter la semaine avec un rendez-vous de 30 minutes le lundi, alors que d’autres préfèreront disposer de 15 minutes le lundi et 15 autres le vendredi. D’autres encore apprécieront d’avoir quelques minutes à chaque début et fin de journée. Un peu comme un enfant préfèrera faire ses devoirs le vendredi soir pour en être débarrassé, alors qu’un autre préfèrera les faire le dimanche soir afin de profiter de son week-end jusqu’au bout. L’important, biensur, c’est d’arriver à atteindre l’objectif fixé – en l’occurence que les devoirs soient faits avant le retour en classe-. Une communication adaptée permet d’y arriver plus efficacement.

Qu’allez-vous proposer aux Sommets ?

Nous allons proposer une version courte de notre spectale, appelée “DISC Comedy” et qui se concentre sur quatre couleurs du DISC (Rouge, Jaune, Vert, Bleu), chacune correspondant à un type de personnalité. Le reste, je vous laisse découvrir…


Les Sommets, qu’est ce que c’est ?

Les Sommets, ce sont 3 jours pour s’inspirer et respirer, et repenser l’entreprise de demain. Au programme, des masterclass, des échanges sans filtre, des interviews live, des ateliers indoor et outdoor, le fameux télécabine pitch, des déjeuners, des diners, et enfin des soirées dont les Sommets ont le secret.

Avec en filigrane l’objectif de créer de nouvelles connexions : entre les neurones, entre les problématiques, entre les gens.

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N’hésitez pas à nous contacter sur contact@les-sommets.fr

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