Bertrand Caron
Co-fondateur de Polypus
Cinq questions à Bertrand Caron, co-fondateur de Polypus
Fondé il y a 4 ans par trois entrepreneurs au service d’autres entrepreneurs, Polypus accompagne les entreprises innovantes dans l’accélération de leur business. Ils proposent un parcours d’accélération qui repose sur 6 leviers de développement : Stratégie – Commerce – Marketing – Financement – RH – International. Innovants sur le marché de l’accélération, tous leurs accompagnements se font sur mesure et dans la durée, grâce à un abonnement mensuel et sans engagement.
Liberté, Engagement et Progression sont les 3 valeurs qui portent le modèle Polypus et lui permettent de tendre vers l’excellence et la pérennité des entreprises.
Un partenariat basé avant tout sur la relation de confiance avec les dirigeants, qui permet à leur équipe pluridisciplinaire de 11 personnes basées à Lyon, Paris, Annecy, Nantes, Aix-en-Provence et bientôt en Suisse, d’opérer de manière efficace et réactive.
Votre entreprise, qui accompagne les start-ups et entreprises dans leur phase d’accélération, s’appelle Polypus. D’où vient ce parallèle avec le poulpe ?
C’est lié à notre histoire. Personnellement, avant de lancer Polypus, j’ai mené pendant 8 ans une première aventure entrepreneuriale dans l’édition logicielle. J’ai eu la chance de bénéficier de l’aide de beaucoup de consultants, notamment grâce à des acteurs publiques, et c’était une chance formidable. Mais c’était forcément limité, et on atteignait assez vite un plafond de verre dans l’implication des consultants, dans la qualité et l’impact de l’accompagnement. Les entrepreneurs dans la tech doivent aller vite. Accélérer, et gagner du temps c’est le souci numéro 1 de la plupart des entrepreneurs. Et pour cela, nous pensons qu’il faut être accompagnés à plusieurs niveaux de la stratégie à l’opérationnelle, assez en amont dans le processus. L’idée du poulpe reflète l’avantage d’avoir plusieurs cerveaux et plusieurs tentacules puisque c’est le cas du poulpe-, pour pouvoir réfléchir de manière efficace. Et puis le poulpe, en plus d’être très intelligent, est un animal qui s’adapte très bien et dispose de tout une panoplie de stratégies pour survivre. Les tentacules symbolisent quant à elles le réseau, qui est un autre point fort que nous apportons, notamment grâce aux partenariats forts que nous avons noué avec différents acteurs du monde de la finance, des RH ou du développement international. Cet animal qui se propulse dans son récif est à notre image, et symbolise parfaitement nos actions.
Vous arrive-t-il de refuser de travailler avec des entreprises lorsque vous sentez que le potentiel n’y est pas?
Aujourd’hui, oui. Mais en réalité, cette décision dépend beaucoup de l’attitude du dirigeant que du potentiel de l’entreprise : sera-t-il motivé à ouvrir le livre de son entreprise, de nous partager vraiment sa stratégie, ses doutes et ses propres limites, ou non ? Si nous sentons que le dirigeant est réellement dans une volonté de se faire aider et challenger et qu’il nous sollicite dans cette démarche, alors nous y allons. Il faut également que nous assurer que le dirigeant va être personnellement impliqué tout au long du processus. S’il charge d’autres personnes de son équipe d’être nos interfaces, ou qu’il n’est pas tout le temps impliqué ou présent, cela ne fonctionnera pas. La dernière condition, c’est le timing : nous devons valider que c’est vraiment le bon moment pour l’entreprise, si elle n’est pas prête et en mesure d’accélérer, nous préfèrerons attendre un peu avant de nous impliquer.
Vous arrivez à voir, à force, qui sont ceux qui vont réussir et ceux qui ne vont pas y arriver?
Tout d’abord si nous décidons d’accompagner un dirigeant et son entreprise c’est pour qu’il réussisse. En général nous observons deux types d’entrepreneurs : les premiers sont ceux qui sont focus sur leur produit, convaincus qu’il va trouver son marché parce qu’il est formidable et unique. Les autres sont ceux qui ont vraiment développé leur produit à partir d’un besoin, d’un problème de départ vécu, qu’ils ont cherché à résoudre. C’est plutôt ceux-là qui tendent à réussir selon nous, car ils ont une vraie mission et une vraie vision, tout en étant plus ouverts à la possibilité qu’il faille éventuellement adapter le produit. D’ailleurs, il nous arrive également d’accompagner des entreprises relativement matures, mais qui sentent qu’elles doivent pivoter : leurs dirigeants, à un moment donné, se rendent compte qu’il va falloir se transformer. Ces cas de figures sont très intéressants et souvent étonnants : nous avons ici affaire à des dirigeants ayant souvent déjà une grande expérience, mais qui sont néanmoins encore prêts à se faire challenger et évoluer, malgré leurs succès passés. Cette notion du « Why » et pourquoi tous les matins je me lève pour changer le monde est fondamentale, et une des clés de la réussite.
Vous accompagnez les entreprises dans leurs levées de fonds ; partagez-vous cet engouement pour les licornes et les grosses levées ?
Je reste assez mesuré sur le sujet et je trouve qu’il y a en ce moment une course un peu effrénée aux annonces, soutenue par les objectifs du gouvernement en termes de Licornes. On a l’impression que pour beaucoup, c’est déjà l’aboutissement de leur projet, avec le sentiment d’y être arrivés après avoir levé 2, 5 ou 10 millions. La préparation de cette étape est primordiale, dans la capacité des dirigeants à structurer leur entreprise et dépenser à bon escient cet argent. Or trop souvent c’est l’inverse qui se produit, créant très rapidement une crispation forte entre les fondateurs et les investisseurs. Notre rôle est d’accompagner avant et après cette étape les dirigeants, d’autant plus que la structuration, et le développement commercial et Marketing sont le plus souvent l’objectif premier des levées de fonds, et le cœur du réacteur des compétences de Polypus. C’est aussi dans ce cadre, que nous travaillons directement avec des Business Angels ou des fonds d’investissements pour sécuriser leur participation. Nous avons enfin la chance d’avoir en France de nombreux dispositifs non dilutifs (dont la BPI), et il essentiel de maximiser ces aides au démarrage avant de se faire diluer. Le recours à la dette bancaire, souvent mal perçue en France, peut aussi être un formidable levier de développement.
Vous est-il déjà arrivé d’investir ou de prendre des participations dans des entreprises que vous accompagnez ?
Cette question est assez récurrente, notamment de la part des dirigeants que nous accompagnons. Ce n’est pas notre business model et souhaitons à date nous concentrer sur l’accompagnement du dirigeant et de ses équipes. En revanche, nous avons tout de même la satisfaction d’avoir investi dans 5 sociétés du récif, mais ces investissements se sont fait naturellement, en confiance, tant l’accompagnement de Polypus était intégré dans le process des entreprises. Cela nous pousse naturellement à réfléchir à moyen terme au sujet, tout en conservant notre différenciant, qui l’accompagnement stratégique, opérationnel et de proximité des dirigeants et de leur entreprise.
Propos recueillis par Sophie Guignard.
Pour plus d’échanges inspirants, rendez-vous aux Sommets les 28, 29 et 30 mars 2022 à Annecy.